CoS et Operating Partners

Partenaires privilégiés des dirigeants sous LBO

Parce qu’il noue une relation de proximité avec les dirigeants, le Chief of Staff  s’impose aussi comme un interlocuteur privilégié des Operating Partners. Nicolas Requillart, Operating Partner et directeur associé du fonds d’investissement Siparex, fait le point sur l’esprit de partenariat qu’il noue avec les Chiefs of Staff avec lesquels il travaille.

Pouvez-vous présenter rapidement le groupe Siparex ?

Nicolas Réquillart : Siparex est un groupe de capital investissement français indépendant, disposant de 3,7 milliards d’euros d'actifs sous gestion. Il finance et accompagne le développement des entreprises, de la startup à l’ETI, en Private Equity, Venture Capital et Private Debt.

Au total, Siparex participe au financement de plus de 250 sociétés, en position majoritaire ou minoritaire. Il intervient dans de nombreux secteurs d’activité, tels que l’industrie et les services afférents, le SaaS, l’édition de logiciels, la logistique, la mobilité ou encore l’agroalimentaire.

Afin de répondre aux grands enjeux de transformation, le groupe gère également des fonds thématiques investissant dans les entreprises du secteur de la transition énergétique, de la filière nucléaire ainsi qu’un fonds d’Impact dans la santé.

Vous êtes vous-même directeur associé de Siparex et Operating Partner (OP) auprès des sociétés dans lesquelles a investi Siparex. Pouvez-vous revenir sur votre rôle en tant qu’OP ?

Nicolas Réquillart : En tant qu’Operating Partner, mon rôle est un peu d’être un moteur auxiliaire à disposition des dirigeants qui le souhaitent pour les aider à accélérer leur plan de transformation. Cela peut concerner aussi bien l’IT ou le digital que la performance commerciale, ou plus généralement les sujets RH ou de gouvernance. J’interviens également en appui des investisseurs en phase de Due Diligence. Au total, 80% de mon temps reste toutefois dédié à l'accompagnement post-investissement, c’est-à-dire à la définition, la mise en œuvre et l'accélération des plans de transformation.

À ce titre, j’interviens directement auprès du CEO des sociétés dans lesquelles nous investissons, mais également auprès des membres du comité de direction quand c’est nécessaire et utile.

En quoi le rôle d’un Operating Partner se distingue-t-il de celui d’un Chief of Staff (COS), lui aussi doté d’un rôle très opérationnel auprès des dirigeants ?

Nicolas Réquillart : La première différence majeure tient à un élément très simple : un Operating Partner et un Chief of Staff n’ont pas le même employeur. Le premier est salarié du fonds d’investissement actionnaire de l’entreprise, le second est salarié de l’entreprise. 

De fait, l’Operating Partner est mis à la disposition des dirigeants des sociétés dans lesquelles le fonds investit. L’accompagnement opérationnel des dirigeants est au cœur de sa mission, mais il n’y a pas de lien de subordination entre lui et les dirigeants qu’il accompagne. La raison d'être de l'opérateur Partner est d’aider le dirigeant et son équipe à atteindre rapidement leurs objectifs de développement, même s’il opère avant tout au nom et pour le compte du fonds qui l’emploie.

De son côté, un Chief of Staff intervient comme bras droit du dirigeant auquel il est directement et hiérarchiquement rattaché. Selon les secteurs ou les typologies d’entreprise, il occupe parfois des fonctions proches de celles d’un directeur des opérations ou d’un secrétaire général par exemple, même si ce terme est un peu tombé en désuétude. Initialement, le titre de Chief of Staff est très lié à l’univers des startups et il joue un rôle clé de gestion très opérationnelle de la performance. 

Le Chief of Staff (COS) et l’Operating Partner (OP) jouent finalement l’un et l’autre des rôles complémentaires auprès des dirigeants. Comment s’articule la relation entre ces deux acteurs clés ?

Nicolas Réquillart : Au regard du caractère protéiforme de la fonction de Chief of Staff en fonction des typologies d’entreprise (ce n’est effectivement pas équivalent d’être COS en startup en série A ou en série B, que dans une  PME, une ETI, ou encore dans un groupe du SBF 120 ou du CAC 40), son rôle est effectivement complémentaire à celui d’un OP. En tant que bras droit du dirigeant, le COS est naturellement un interlocuteur privilégié de l’Operating Partner, avec qui il échange régulièrement pour mener à bien le plan de transformation proposé par l’OP. Je suis moi-même amené à faire des points réguliers avec les Chiefs of Staff (qui peuvent également s’appeler Directeur des Opérations ou DGA selon les entreprises avec lesquelles je travaille) pour assurer le suivi du plan de transformation et sécuriser son exécution. Le Chief of Staff et l’Operating Partner travaillent donc de concert, dans une vraie relation de proximité.

La relation professionnelle entre l’Operating Partner (OP) et le Chief of Staff (COS) peut-elle être plus étroite que celle qui existe entre l’OP et le dirigeant qu’il accompagne ?

Nicolas Réquillart : Pas nécessairement. Disons que la relation entre l’Operating Partner et le Chief of Staff découle plutôt de celle qui se noue entre l’OP et le dirigeant. La phase de cadrage, de définition de la vision et de la stratégie s’effectue d’abord sur la base d’une concertation entre l’Operating Partner et le dirigeant, avant d’être mise en œuvre par le Chief of Staff, qui peut également, dans la majorité des cas, participer à la concertation. C’est précisément cette phase de mise en œuvre qui donne lieu ensuite à des échanges fréquents entre le COS et l’OP.

N'oublions pas que l’Operating Partner est d’abord mis à la disposition du dirigeant par l’équipe d'investissement du fonds  qui l’emploie. Si ce dirigeant est quelqu’un qui délègue beaucoup, alors l’Operating Partner va être amené à beaucoup travailler avec les équipes opérationnelles, et donc avec le Chief of Staff. Tout dépend finalement de la capacité ou de la volonté de déléguer du dirigeant.

Le Chief of Staff (COS) peut-il malgré tout jouer un rôle de relais auprès du dirigeant quand l’Operating Partner (OP) veut faire passer un message éventuellement difficile à entendre ?

Nicolas Réquillart : Tout à fait. Un Operating Partner doit aussi faire office de poil-à-gratter et être capable d’appuyer là où c’est nécessaire. À cet égard, la qualité de la relation avec le Chief of Staff, grâce à sa casquette de bras droit et de collaborateur de confiance, peut être très précieuse pour relayer certains messages. 

Vous arrive-t-il, dans le cadre de votre accompagnement, de recommander le recrutement d’un Chief of Staff (COS) ?

Nicolas Réquillart : Absolument. Le cas s’est d’ailleurs posé récemment avec une entreprise que nous accompagnons et qui ambitionne de doubler de taille d’ici 5 ans, soit en croissance organique, soit en croissance externe. Pour y parvenir, il est indispensable que le DG souvent trés opérationnel parvienne à libérer du temps. Le recours à un bras droit nous est donc apparu nécessaire. Sur la base des tâches que ce dirigeant accepterait de déléguer, nous avons finalement identifié la nécessité pour lui de se doter d’un Chief of Staff plutôt que d’un directeur général adjoint. 

L’objectif de cette création de poste sera clairement d’améliorer la performance opérationnelle de l’entreprise et de délester le dirigeant des tâches quotidiennes de gestion. Le COS sera amené à gérer les achats, mais aussi l’IT. Il aura donc clairement un rôle de Directeur des opérations. Le vocable de Chief of Staff colle cependant plus à l’air du temps et renforce l’attractivité du poste. A terme nous envisageons de faire évoluer cette fonction vers un poste de DG.

C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai fait appel à Pakomdab pour mener à bien ce recrutement. Pakomdab a une compréhension fine du profil évolutif que nous recherchons pour ce type de poste, d’autant que le cabinet est aussi en capacité de sourcer des fonctions connexes du type COO, Directeur de la stratégie, etc….

À quoi est dû selon vous l’essor actuel des fonctions de Chief of Staff et d’Operating Partner en France ?

Nicolas Réquillart : Depuis 6 ans, les fonds d’investissement estiment que l’apport de cash n’est plus suffisant pour se différencier et séduire les meilleures équipes dirigeantes. Pour gagner les meilleurs deals, il faut donc leur apporter de l’expertise métier et sectorielle, d’où le rôle croissant des Operating Partners. Ils permettent concrètement de démultiplier le potentiel de création de valeurs des opérations menées par le fonds d’investissement.

De son côté, l’essor du Chief of staff est issu de l’écosystème des startups, même si le métier se déploie progressivement dans les PME, ETI et Grands Groupes. Pour bien gérer la croissance et les transformations, un dirigeant doit  s’entourer de bras droit de confiance. C’est fort de la valeur ajoutée apportée par cette fonction en start up que celle-ci émerge dans l’univers des ETI et des grands groupes, sur la base d’une hybridation avec les postes de directeur des opérations ou de secrétaire général. Le Chief of Staff draine avec lui des valeurs très attractives liées à l’optimisation de la performance, le déploiement d’une stratégie, la proximité avec le dirigeant et les équipes, la confiance et la transparence. 

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